Crédit photo: Lumière de solstice par l’auteur de cette planche, décembre 2016
Cette planche a été lue par le Vénérable Maître en chaire lors de la tenue blanche ouverte qui a célébré le solstice d’hiver de 2008. Une tenue blanche ouverte est une réunion ouverte aux non maçons.
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Que célèbre-t-on lors du solstice d’hiver ?
Fêter le solstice d’hiver est une tradition chère aux Francs-Maçons de tous les pays. Cette célébration du retour de la lumière remonte à des temps immémoriaux, quand l’homme primitif, la voyant diminuer de jour en jour, n’était pas certain de voir le soleil revenir un jour.
Depuis la nuit des temps des rites de remerciements et de sacrifices sont célébrés lorsque le soleil fait son retour et inversement lorsqu’au solstice d’été il se met à décroître. Du soleil en effet dépend la nourriture, la chaleur et le bien-être.
Des cérémonies qui se déroulent, en ces époques pré-romaines, on ne sait presque rien. Beaucoup plus tard les Romains invoquent Saturne, dieu des semailles et de l’agriculture. Les Saturnales, ces fêtes qui lui sont dédiées, donnent l’occasion de réjouissances allant du 17 au 24 décembre.
Les peuples du Nord célèbrent Njord, dieu de la fécondité et Idunn gardienne des « pommes de providence », nourriture des dieux.
Les Orientaux vénèrent Mithra, divinité de la lumière. Ce culte d’origine persane est amené à Rome par les légionnaires. Cette religion célèbre la naissance de Mithra le 25 décembre. « Dies Natalis Solis Invicti » Jour de la naissance du soleil invaincu.
Au IVè siècle l’empereur Constantin instaure le christianisme comme religion officielle et ses théologiens fixent astucieusement le jour de la naissance du Christ le 25 décembre, jour du Sol Invicti, aucun calendrier n’étant universellement établi et la date de la naissance de Jésus impossible à déterminer avec exactitude, la majorité des chrétiens retiennent cette date comme celle du jour de la naissance de leur Sauveur.
Ces fêtes du Solstice d’Hiver avaient pour but de redonner courage aux hommes lors de cette période hivernale d’obscurité, de froid glacial et d’absence de vie. Lors de ces réjouissances, on offrait des porte-bonheurs, du miel, des gâteaux, de l’or et on ornait les habitations avec du lierre, des branches de houx et du gui…
Certaines loges nomment le solstice d’hiver « Fête de la St Jean » en référence à Jean l’Evangéliste, celui qui apporte l’espoir de la venue du Christ lumière du monde, alors que Jean le Baptiste, fêté le jour du solstice d’été, proclamait:
« Illum opportet crescere me autem minui » (« je dois m’effacer pour le laisser croître »), tel la lumière diminuant jusqu’à la prochaine St Jean d’hiver annonciatrice du retour du soleil…
Après cette courte approche historique, un grand saut temporel nous fait revenir à notre modernité et à ce qu’un médecin appelle le « blues » du solstice d’Hiver ou dépression saisonnière, baisse d’énergie mentale dont on sait que la diminution des heures d’ensoleillement est la cause, provoquant des modifications hormonales accompagnées de symptômes de fatigue chronique, irritabilité, tristesse, perte d’intérêt, manque de concentration, etc… la solution étant un traitement appelé « lumino ou photothérapie » ou alors, remède bien connu des genevois et des européens, un voyage en Guadeloupe… Faire de l’exercice physique à l’extérieur et au soleil est également très recommandé.
A chaque époque sa manière de fêter le retour de la lumière.
Un autre point de vue maintenant : lorsqu’on dit lumière, on pense clarté, lumière blanche. Or la lumière blanche est composée de couleurs, les couleurs de l’arc-en-ciel. Les couleurs vives sont associées à un fort ensoleillement et sont donc particulièrement appréciées dans les pays du Sud.
A l’opposé, au Nord, les couleurs ont tendance à se raréfier comme la lumière. Pourtant s’il est un peintre dont l’œuvre est associée à la lumière c’est bien Rembrandt, peintre hollandais dont on pourrait dire qu’il a transformé la lumière physique en Lumière spirituelle. Et cette Lumière l’a soutenu tout au long de sa vie faite elle aussi de périodes de grande clarté et de malheurs profonds.
« Mieux vaut allumer une bougie que de maudire l’obscurité »
La Franc-Maçonnerie née au siècle des Lumières a été par moments extrêmement éblouissante par son implication dans la vie des sociétés et, à d’autres, réduite à la flamme vacillante d’une bougie quand, persécutée par les nazis, beaucoup de francs-maçons furent envoyés en camp de concentration où ils périrent.
Certains allumèrent une petite flamme alors qu’ils étaient emprisonnés, tels ces frères Belges qui fondèrent avec l’aide de moines également en captivité – certains religieux étant plus près de la fraternité universelle que les pontifes de Rome- une loge éphémère pour maintenir en eux l’espoir et la vie. Cette loge portait le beau nom de Liberté Chérie.
La Loge Mozart et Voltaire a pour coutume, le jour de sa fête du solstice d’hiver, d’ouvrir ses portes afin de partager nos rituels.
La Franc-Maçonnerie est une institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, qui a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité.
C’est ce qu’on dit à l’ouverture de nos travaux et ce qu’on peut lire dans un dictionnaire.
Et si vous aimez la formule « Si le silence est plus important que ce que tu as à dire, alors tais-toi » et que vous l’appliquez dans votre vie alors vous êtes sans doute un franc-maçon sans Tablier.
Si, dans une conversation, vous n’essayez pas à tout prix d’avoir raison et que vous relativisez vos connaissances,
Si progressivement vous découvrez la richesse de personnes qui vous auraient laissé indifférent dans un autre contexte,
Si la liberté, l’égalité et la fraternité ont un vrai sens pour vous,
Si vous aimez l’humour et débattre de tous les sujets imaginables,
Si vous croyez vraiment que l’Homme est perfectible et que l’art de se perfectionner peut se cultiver,
Voilà quelques aspects de la vie maçonnique que vous pourriez retrouver dans notre Loge.
J’ai dit.
Un Frère de Mozart et Voltaire
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